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Ce contenu est tiré de “L’histoire d’Artannes-sur-Thouet à travers ses noms de lieux”.
La région historique de l’Anjou qui est un méga toponyme d’origine gauloise. La ville d’Angers et le pays d’Anjou proviennent de la même racine : le peuple gaulois des « Andes ».
Les phantasmes…
Une légende nous indique qu’à l’issue de la guerre de Troie, Ajax et de nombreux Troyens s’échappèrent de la ville et se seraient réfugiés sur la côte atlantique, auraient remonté la Loire et auraient fondé la cité de « Egada », devenue ultérieurement Angers. Cette légende, issue d’une propagande, est bien sûr difficile à croire et il faut chercher à Angers et à l’Anjou, une origine plus sérieuse.
Le début des recherches
D’après les étymologistes du XIXe siècle, Angers proviendrait du mot gaulois aigue ou ègue qui désigne l’eau. Ce nom serait issu des nombreux cours d’eau qui parcourent cette région. Cette hypothèse ne nous semble pas non plus acceptable.
L’examen des sources historiques
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Les auteurs latins nous indiquent que cette région était occupée par un peuple gaulois nommé : Andes par Jules César, dans la Guerre des Gaules, Andecavi ou Andegavi, par Pline l’Ancien (mort en 79 après J.-C.) dans son Dictionnaire, ou par Tacite (historien, consul en 97 après J.-C.) dans ses Annales.
On prétend que leur capitale avait pour nom Andecavum mais cette capitale n’est pas mentionnée dans les Commentaires de la Guerre des Gaules de Jules César.
Pendant l’Antiquité, après la conquête romaine, la ville d’Angers prit le nom de Juliomagus qui signifie le « marché (magos en gaulois) de Jules (César) ». Ce nom est mentionné par Ptolémée, dans son ouvrage « Géographie » vers 150 après Jésus Christ. Il figure sur la carte appelée Table de Peutinger sous la forme Iuliomago.
Ce ne fut que vers la fin du Ve siècle, lorsque l’influence romaine déclina, que la ville d’Angers, libérée de l’esclavagisme romain, reprit le nom de la peuplade gauloise de Andecavi, que l’on trouve mentionnée ensuite Andegavia, puis Andecava civitas, « la cité Angevine » au VIe siècle (dans des écrits de Grégoire de Tours), puis Andecavis, en 769, pour devenir Angers au Moyen Age.
L’origine du mot Anjou est donc à chercher dans les racines linguistiques composant Andecavi.
Les racines linguistiques…
La racine And– évoque aussi le mot grec Andros, « l’homme », mais cette piste, bien que séduisante, paraît linguistiquement trop lointaine du celte ou du latin.
On remarque que la racine cav-, qui apparaît après la conquête romaine, exprime en latin un creux, un trou creusé, une cavité, une cave (cavum, cavi en latin) et il faut signaler que l’Anjou, riche en roches de calcaire tendre facile à creuser, notamment de tuffeau, fut dès son occupation par des hommes parsemé d’habitats troglodytes et de caves.
À cette interprétation, il faut ajouter que ande, est un préfixe gaulois qui désigne le fait d’être « au-dessous » ce qui revient à la même notion : celle d’habitat dans la roche, en dessous de la surface.
Les Andes serait donc le peuple troglodyte et le terme Andecavi ne serait que la répétition avec la racine celte ande et la racine latine cavi de cette même notion : Andecavi serait le peuple d’en-dessous, le peuple des caves, le peuple souterrain.
C’est donc à la suite de l’invasion romaine et de la romanisation de la région que le terme gaulois ande qui commençait à ne plus être compris, fut associé à cavum, cavi, terme latin désignant un trou, un creux, une cave.
Les caves viticoles, preuves de la romanisation
Ces caves servirent à la viticulture qui fut introduite par les Romains.
Ce fut d’abord, avant la Guerre des Gaules, le vin qui fut vendu par les Romains aux Gaulois du nord pour les affaiblir et pour pervertir les mœurs de cet ennemi de Rome.
La viticulture fut introduite ensuite par l’occupant romain pour des raisons commerciales. Elle sera conservée par la culture chrétienne, puisque le vin, breuvage masculin potable quand l’eau est contaminée ou empoisonnée, a représenté pendant la fin de l’Antiquité et pendant tout le Moyen Age le sang de Jésus Christ, le Saveur pour les chrétiens qui mirent fin à l’esclavage romain.
Les caves d’Anjou représentent donc trois symboles de sauvegarde de l’humanité, des lieux pour se protéger et se cacher, des lieux de réserve de boissons potables, et une protection spirituelle, celle de la chrétienté. Les habitants de l’Anjou s’appellent eux-mêmes les Angevins, nom qui représente, à l’oreille, deux évocations chrétiennes : les anges et les vins…
an, en…
La racine “an” qui peut s’écrire aussi “en” désigne généralement une position inférieure ou intérieure. On la retrouve dans le nom de lieu de Saint-Cyr-en-Bourg qui désigne le patron, Saint-Cyr et son église, en dessous du bourg, une ancienne forteresse romaine de frontière (voir cet article).
On retrouve aussi ce terme “an », “en” dans Angers et Anjou.
Anjou et Angers…
Pour passer de Andecavum à Angers ou à Anjou, il y a linguistiquement quelques difficultés. Il faut, à notre avis, se rappeler que pendant toute l’Antiquité romaine, soit plus de 400 ans, Angers portait le nom de Juliomagus et on doit émettre l’hypothèse que Anjou serait une contraction possible de Andecavum et de Juliomagus, ou plutôt de Ande et de Julio : AN(des)JOU(liomagus).
Le mot jou peut aussi avoir pour origine latine l’évocation d’une hauteur, jugum, en latin(qui donna le mot français joug, appareil mis sur le cou de l’animal de labour et synonyme d’esclavage) ou de Jupiter, Jovis, dont les temples étaient toujours situés en hauteur (la cathédrale d’Angers se situe sur une hauteur et remplaça probablement un culte païen).
Le mot Anjou se comprenait au Moyen Age comme “en joug”, sous le joug…
Les trois sens, hauteur, Jules César et Jupiter, avec Juliomagus, ont pu perpétuer la syllabe jou. Ce mot Jou (ou joui, jouy, ju, je, jé, etc…) est connu en toponymie pour être le plus souvent une évocation d’une hauteur réservée au plus puissant des dieux romains antiques : Jupiter.
Anjou a donc pu se comprendre phonétiquement, dans un temps où seuls les lettrés écrivaient, comme “sous la hauteur”, c’est-à-dire dans les caves, “sous Jupiter”, c’est-à-dire “sous le joug esclavagiste romain imposé par Jules César”.
Cette hypothèse paraît farfelue, mais elle ne l’est certainement pas plus que la légende de troyenne de propagande orientalisante, et elle n’est pas plus ridicule que l’étymologie du XIXe (mot gaulois aigue ou ègue, « eau »). Pour notre part nous nous en tiendrons à AN(des)JOU(liomagus) ou AN(des)JOU(is), c’est-à-dire Jovis, jupiter.
L.A. est bien la contraction de Los Angeles. C’est plus pratique car plus court. Les Angevins ont pu faire de même. ANdecavum JUliomagus : Anjou, Angers.
Angers en semble la forme participe. Le méga toponyme Angers, qui se comprend mieux orthographié anjé, peut se comprendre aussi phonétiquement sous la forme “ange j’ai”, puisque dans la culture populaire chrétienne la notion d’ange gardien, associé à l’esprit saint et à la colombe, était très présente dans les temps anciens.
Anjou et Angers ne semblent pas dissociés de la christianisation de la région et de la fin de l’esclavage pour Rome.
Un peuple troglodyte
La peuplade gauloise des Andes était caractérisée par un habitat troglodytique et souterrain.
Les habitats troglodytiques et souterrains sont aussi très présents dans les communes du Coudray-Macouard, de Saint-Cyr-en-Bourg à Saumoussay, de Distré, etc., région étudiée à travers la brochure de l’histoire d’Artannes-sur-Thouet à travers ses noms de lieux.
Toute une histoire…
(Photo : Wikimedia Commons Rochemenier03, de Pymouss44 ; 31 octobre 2005 ; licence CC-BY-SA).
J’espère que cet article vous aura plu et que nous nous retrouverons bientôt pour d’autres aventures historiques.
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Recherches utilisées pour trouver cet article : https://patrimoine-rural com/andecaves-gallo-romains-un-monde-souterrain/