Romorantin (41) au Moyen Age : Trésor des Chartes JJ198

Petites histoires de l’Histoire 2000-2001 : découverte !

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Romorantin 1460 : danger, transport de fonds…

Connais-toi toit m’aime : à orthographier… pourrir(e) ! Qu’on nettoie…

Préambule à l’abord d’un document historique

Le Trésor des Chartes, série cotée JJ aux Archives nationales, registres des copies des actes des rois de France, et notamment surtout des lettres de rémission, c’est-à-dire des grâces accordées par le roi à des personnes condamnées par une justice locale, est une source historique essentielle de l’Histoire de France, à travers les petites histoires dramatiques qu’on peut y puiser.

L’historien peut en faire une transcription, c’est-à-dire une copie lisible pour les non spécialistes de paléographie ou de diplomatique.

« Loys par la grace de dieu Roy de France Savoir faisons Atous presens et avenir nous avoir receu humble supplication des parens et amis charnelz de pion pischart dit pintier jeune homme natif demourant en la ville de bourges charge de jeune femme avons receue contenant que le dit pischart qui est pinctier destaing et jeune homme volontiers esbatu a dancer…. » (transcription partielle de Nicolas Huron).

JJ198n°163001

Archives Nationales- Registre du Trésor des Chartes JJ 198, folio 140, N° 163

L’historien peut en faire une brève analyse, c’est-à-dire un résumé indiquant les informations essentielles : nature du texte, résumé des faits, lieux, personnes, dates, références…

3404 – 1461, août. Saint-Denis. Rémission en faveur de Pion Pichart, dit Pintier, pintier d’étain, natif de Bourges, pour avoir, avec Petit Jehan, serviteur du comte de Foix, volé et tué Jacquet de Rougemont, serviteur de Jehan Lallemant, bourgeois et marchand de Bourges, qu’ils avaient rencontré à Romorantin, en revenant des noces à Noyers de sire Jean Bérard avec la fille de Pierre Doriole (198, n° 163, fol. 140).

Extrait de : Les pays de la Loire moyenne dans le Trèsor des Chartes, Berry, Blésois, Chartrain, Orléanais, Touraine. 1350-1502 (Archives nationales, JJ 80-235), édité par Bernard Chevalier, Paris, CTHS, 1993, page 353.

Mire hoirs, mon beau miroir… suis-je déjà là, plus vieille ?

Plue vie et yeux ? Gale rit  des glaces…

L’historien peut en réaliser une adaptation écrite simple afin de rendre le contenu du document historique accessible à tous. Cependant, on s’apercevra que l’important dans la démarche de transmission d’un document historique ou de son adaptation à des lecteurs non experts, nous montre à nous-mêmes nos propres limites, celles de nos savoirs-faire, de nos incapacités de lecture ou de relecture, notre fainéantise, mais aussi nos propres intérêts mercantiles, nos goûts, nos aspirations, nos passions, voire notre Passion, c’est-à-dire la façon dont nos gènes et nos gênes réagissent à un récit, ce qu’ils en tirent d’émotions automatiques génétiques, de désirs, de curiosités, de prédations, de poursuites, etc.

Toute lecture est ainsi un miroir dans lequel on se voit, en en ayant ou non conscience.

Faites l’essai sur cet essai !

Le document photocopié du microfilm, ma traduction adaptée de juin 2001 avec

ma réédition de vulgarisation de novembre 2020, consultable ci-dessous et

téléchargeable par ce lien : JJ 198 n° 163.

Meurtre et vol d’un serviteur d’un marchand

de Bourges près de Romorantin vers 1460

Pion Pischart dit Pintier, jeune homme originaire et habitant de la ville de Bourges (Cher ; 18) où il était pintier d’étain, chargé de jeune femme, aimait bien aller aux noces, faire la fête et danser. Pour se déplacer pour ses affaires, il préférait marcher, bien qu’il gardait dans son étable un grand et beau cheval d’une valeur d’environ 30 écus. Et comme il était jeune et voulait en profiter, il ne souffrait guère à travailler.

Le lundi précédent la fête de saint Clément 1460 (sans doute saint Clément, pape de 88 à 97 et fêté le 23 ou le 24 novembre), Pion apprit les noces prochaines de maître Jehan Bérard, fils de sire Pierre Bérard, trésorier de France, avec la fille de Pierre Doriole, général des finances de France, et qu’une belle fête y serait donnée avec des morisques (danses). Pion décida d’y aller et prit la route de Noyers-sur-Cher (Loir-et-Cher ; 41), près de Saint-Aignan en Berry (« Noiers prest Saint Aignens en Berry« ) là où les noces devaient se faire pour y rester trois jours afin de ne pas trop faire travailler son cheval.

En chemin, à six lieues de Bourges, il rencontra un certain Petit Jehan, serviteur du comte de Foix et autrefois valet de Raoulin Regnault, qui lui dit qu’il se rendait à Tours (Indre-et-Loire ; 37), et Pion lui proposa de cheminer avec lui.

A Noyers-sur-Cher (Loir-et-Cher ; 41), ils apprirent que les gens qui allaient aux noces avaient pris un autre chemin. Pion dit alors à Petit Jehan qu’il retournait à Bourges (Cher ; 18), mais qu’il voulait d’abord passer par Romorantin (Loir-et-Cher ; 41). Petit Jehan décida de lui tenir compagnie.

Les deux hommes allèrent d’abord à Blois (Loir-et-Cher ; 41), puis en Flandres (nord de la France), et revinrent sur Romorantin (Loir-et-Cher ; 41) pour s’y loger dans les faubourgs, près du grand chemin d’Orléans.

Un peu plus tard, arriva dans les faubourgs un certain Jacquet de Rogemont, serviteur de Jehan Lallement, bourgeois et marchand de Bourges, qui se logea dans une autre hôtellerie. Cet homme envoya une chambrière à l’hôtellerie où logeaient Pion et Petit Jehan. La servante arriva à l’heure du souper des deux hommes et leur demanda s’il n’y avait personne qui voulait aller à Blois le lendemain. Petit Jehan répondit « ouy » et qu’il partirait dès le lever du jour. La chambrière revînt à son hôtellerie et fit son rapport à Jaquet de Rogemont. Après le souper Jaquet joua des « oblies » (pâtisseries), un jeu de hasard avec un tourniquet qui indiquait le nombre de gâteaux gagnés. Il en gagna et il envoya la chambrière en porter à Jehan Pischart et à Petit Jehan pour qu’ils en mangent.

En dégustant les pâtisseries, les deux hommes se demandèrent qui pouvaient bien leur envoyer ainsi ces oublies, et ne savaient qu’en penser.

Jaquet de Rogemont gagna aussi « au corbillon de l’oublaier » et la chanson, un jeu de société où chacun devait répondre un mot en « on » à la question « dans mon corbillon, qu’y met-on ? » Le perdant, « l’oublieux« , devait un gage. Il chanta donc la chanson.

Pendant la chanson, Pion Pintier sortit de son hôtellerie et aperçut Jaquet de Rogemont qui le vit également. Les deux hommes se saluèrent, Pion le remercia pour les oublies, puis retourna dans son hôtel où il raconta à Petit Jehan qu’il s’agissait de Jaquet de Rogemont qui était à Jehan Lallement, un homme de la cour, et qu’il le connaissait bien. Il n’en dit pas plus jusqu’à l’heure du coucher.

Alors, Petit Jehan dit à Pion que, s’il était d’accord, ils deviendraient riches jusqu’à la fin de leurs jours. Pion ne répondit rien, et, de nouveau, Petit Jehan lui répéta ses paroles. Pion lui demanda comment. Petit Jehan lui proposa de détrousser le lendemain Jaquet de Rogemont, de lui ôter son argent sans lui faire de mal, et que Rogemont ne les dénoncerait pas. Pion refusa, répondit que ce serait mal et se défiant de son ami, lui dit qu’il retournerait le lendemain à Bourges (Cher ; 18). Les deux hommes se laissèrent et s’endormirent jusqu’au matin.

Le lendemain matin, Jaquet de Rogemont envoya par deux fois quelqu’un les réveiller pour le départ. Quand ils furent habillés et que Petit Jehan faisait ferrer son cheval, Jaquet de Rogemont arriva, portant sur son bras une boîte à chevaucher. A la vue de la boîte, Petit Jehan demanda à Jaquet, en parlant d’écus et d’argent : « Combien peut-il bien y en avoir ? » Jaquet lui répondit qu’il y en avait plus de mille ou cette valeur et qu’il voudrait que chacun d’eux en eût autant.

Puis, Petit Jehan et Pion entrèrent dans l’étable pour brider leurs chevaux car Jaquet de Rogemont était déjà en selle. Dans l’étable, de nouveau, Petit Jehan essaya d’entraîner avec lui Pion Pischart en lui disant : « Si tu avais du courage et voulais te rendre vaillant, nous serions maintenant riches« . Il insista tellement qu’il réussit à convaincre Pion de détrousser Rogemont. Par convoitise et tenté par l’Ennemi, le Diable, les deux compagnons partirent avec Rogemont et une fois en chemin, Petit Jehan demanda à Pion de chevaucher le premier et que lui se mettrait derrière.

Arrivés dans un petit bois, à environ une lieue de Romorantin (Loir-et-Cher ; 41), alors que Pion chevauchait devant et ne pensait à rien, Petit Jehan frappa avec un petit dard, une sorte de lance, Rogemont par derrière. Quand celui-ci se sentit frappé, il se retourna vers Petit Jehan en lui disant « Ha, ribaud ! Veux-tu me tuer ? »

Pion Pischart se retourna également et vit que Jaquet voulait tirer sa dague ou son épée pour attaquer Petit Jehan ou pour se défendre. Quand il vit que Jaquet était prêt à donner un coup à Petit Jehan, Pion tira son épée et en donna un coup d’estoc, c’est à dire de la pointe, sur la main de Rogemont. Pendant le combat, la selle de Rogemont tourna et l’homme tomba à terre, Pion descendit de cheval et les deux chevaux des deux hommes prirent la fuite. Rogemont était blessé mais aucunement en danger de mort. Pion courut après son cheval, le récupéra et revînt auprès de Petit Jehan et de Rogemont. Il trouva Rogemont déjà mort, frappé en plusieurs endroits de coups de dague de Petit Jehan.

Pion fut tant en colère qu’il aimait mieux ne jamais être né et il dit à Petit Jehan qu’il avait mal fait de l’avoir tué.

Tout troublé, Petit Jehan lui dit qu’il fallait tuer le cheval puisqu’il avait tué le maître. Il portait encore sa dague nue dans la main et Pion Pischart prit peur de la convoitise que Petit Jehan pouvait avoir de l’argent, se sentit lui-même menacé, il passa l’épée de Rogemont à travers la gorge et à travers le ventre du cheval du mort. L’animal mourut et les deux hommes jetèrent l’épée. Ils chevauchèrent tant qu’ils purent, jusqu’à un village qui était à travers champs, et là ils firent repaître leurs chevaux. Ils rompirent la serrure de la boîte de Rogemont et y prirent 206 écus d’or, des écus ayant cours alors. Les deux hommes partirent, partagèrent la somme, 103 écus chacun, et jetèrent la boîte dans un buisson avec plusieurs lettres dedans. Ils se séparèrent ensuite et Pion alla à Bourges (Cher ; 18).

Le bruit courut à Bourges que Rogemont était mort et la justice, par suspicion, alla faire chercher Pion. Quand celui-ci eut parlé à la justice, il partit en « voyage« , en pèlerinage, à Notre-Dame de Liesse (Liesse-Notre-Dame ; Aisne ; 02) et dans d’autres lieux, où il fit ses dévotions. Il fut pris à son retour à la Villeneuve (Villeneuve-au-Chemin ; Aube ; 10), près de Troyes en Champagne (Aube ; 10), et fut mené à Troyes, puis ramené dans les prisons de Bourges (Cher ; 18). Il fut jugé et condamné à être pendu et étranglé. Il fit appel.

Le roi Louis XI préféra la miséricorde, envers Pion Pischart, à la rigueur de la justice, en faveur surtout de sa mère et de sa jeune femme. Les lettres de rémission royales établies à Saint-Denis-en-France (Seine-Saint-Denis ; 93) en août 1461 furent expédiées par la chancellerie au bailli de Berry. Pion eut la vie sauve.

Archives Nationales : Registre du Trésor des Chartes JJ 198, folio 140, N° 163 (traduction et adaptation de Nicolas Huron, d’une première traduction de juin 2001 du même, fournie et transmise aux mairies concernées par le projet Petites histoire de l’Histoire).

Leçon… Le son… L’œufs sont…

St-Denis(93)5732

Les quelques mètres carrés de naissance du “gothique”, art français,

preuve de la nature des voleurs… et de notre Justice !

Saint-Denis ! L’hire est fûtable preuve…

St-Denis(93)5739

Saint-Denis, ceint de nids… ?

St-Denis(93)5737

Détail… 8 ! et Troie ! Rome ! Toul et chemins y mènent…

J’ai lu des milliers de lettres de rémission sur photocopies chèrement payées ou sur microfilms devant machine. J’en ai distribuées gratuitement des centaines dans ma région auprès des mairies pour enrichir le patrimoine rural local. Ces documents ont pour la plupart été jetés… J’ai vérifié.

Cette recherche m’a abimé les yeux et j’en porte depuis des lunettes, peut-être la lumière bleue des machines, la mauvaise qualité des reproductions, l’optique approximative, et le hertzien électro-magnétique bio-destructeur ambiant à Paris ou ailleurs ou se pâment les 06, et peut-être même à cause d’une mauvaise alimentation, une sous nutrition de ces années d’endettement à poursuivre la sauvegarde, la diffusion et la distribution de mon patrimoine… quand il n’est pas tout simplement détruit.

Cette lettre de rémission du roi Louis XI m’a personnellement plus marquée que les autres. Les raisons en sont multiples, mais cela est une autre histoire.

Louis XI, inventeur des relais de poste et donc des plateformes de logistiques des livraisons.

En ce moment, tout un poème…

Orléans, Beaugency, Notre-Dame de Cléry, Vendôme… Vendôme !

Vous pouvez me contacter pour savoir si des lettres de rémission concernent votre commune (surtout pour les départements 18, 28, 36, 37, 41 et 45 où les Archives départementales ont été détruites).

Attention, il n’y a pas de hasard et pas de « aze » art non plus ! Quoiqu’alvéoles…

Mes anciennes études et conférences !

Epilogue

Certains animateurs “bénévoles” me les ont réclamées outrageusement gratuitement…

Pour des contes, des comptes, dès qu’on te… des con… s(h)ommables ?

Voulez-vous savoir lesquels ? Montb(l)azon ?

Historien is story hein ? Huns ?

Transport de fonds…

NOTA BENE ?

de fonts…

FOND !

Un pischart est notamment un “petit poisson”…

Pion ? Pillons ?

Petites histoires de l’Histoire 2000-2001 : découverte !

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