Un texte d’une seule phrase… très révélateur
Qui décrocherait à sa lecture ou à sa relecture ? Religion ?
Essayez votre intellect sur ce compte-rendu…
Cet acte, écrit en cursive gothique sur un parchemin de gros bovin, datant de la fin du Moyen Age, année 1494, impose par sa taille. Il est, par son support, révélateur d’une période : la fin du XVe siècle et le début du XVIe siècle, un retour à la paix et à la prospérité.
Mais on n’a pas encore trop confiance dans le cahier de papier… qui existe déjà.
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Il n’est composé que d’une seule phrase, avec l’essentiel bien encadré par des clauses juridiques initiales et des clauses juridiques finales qui servent de probation aux spécialistes de la diplomatique, science annexe de l’Histoire. Les majuscules et les points ne servaient, en effet à cette époque, que d’indices mnémotechniques et de repères visuels spatiaux.
Cet acte est une charte de gestion portant sur des évènements allant de 1473 au samedi 6 septembre 1494, date de l’acte, et concerne une rente à prélever au profit du prieuré de Mesland (41 ; Loir-et-Cher) sur le Moulin de Lée, un moulin à eau portant le nom d’un menhir visible sur place, situé sur la rivière de Cisse, paroisse de Cangey.
Télécharger gratuitement mon étude à ce sujet.
Cet acte de la fin du Moyen Age indique que le moulin était resté longtemps en ruine et que le meunier repreneur était tenu de reconstruire l’édifice en deux ans.
Il est révélateur d’un retour à la prospérité économique à la fin du Moyen Age, réorganisée et réinitiée notamment par Charles VII et Jacques Coeur, mais il est aussi révélateur de l’apparition de nouvelles difficultés apportées par cette prospérité auxquelles dût faire face le roi Louis XI.
“Leur moulin ancien et place de moulin appellé le moulin de Lée
scéan en la parroisse de Cangé…”
Les accents ajoutés à la transcription sont une convenance pour facilité sa lecture.
Fond de l’abbaye de Marmoutier ; prieuré de Mesland : 16 H 93,
Archives départementales de Loir-et-Cher
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Chronique révélatrice d’une évolution économique
La chronique des actes de gestion du moulin de Lée, située paroisse de Cangey (actuelle commune du même nom ; 37 ; Indre-et-Loire), entre 1276 et 1500, au Moyen Age et sous la Renaissance, est très révélatrice des tendances et des évènements économiques et politiques de cette période.
Au XIIIe siècle, ce moulin, probablement très ancien, construit ou reconstruit probablement par et pour des investissements seigneuriaux, ecclésiastiques et/ou nobiliaires, était grevé d’une rente au profit du prieuré de Mesland (41 ; Loir-et-Cher).
Cette période de fin définitive du servage, aux XIIe et XIIIe siècles, vit le mouvement des laboureurs devenus propriétaires libres par l’achat successif des terres qu’ils cultivaient comme métayers. Le même mouvement de rachat se produisit à propos des moulins avec leurs exploitants métayers (locataires de l’exploitation du bien). Ce mouvement entraîna la privatisation de moulins, restant cependant dans le fief de leur seigneur, avec un droit seigneurial dû.
Tout ça grâce au crottin du Percheron… un cheval de trait.
Et au crottin de Chavignol qui en calme certaines !
Avec l’apparition de l’achat de biens fonciers agricoles par la bourgeoisie urbaine et avec l’apparition de l’administration laïque des officiaux, vers 1260, le prieur de Mesland trouva judicieux, par prudence, en 1276, de faire attester auprès de l’official de l’archidiacre, une des nouvelles autorités locales, sa possession d’une rente en nature sur ledit moulin. L’acte (à voir ci-dessous dans l’extrait de mon étude) était conservé au prieuré de Mesland. Il indique clairement que la rentrée de cette rente en nature devait se faire sous la surveillance d’un représentant du prieur présent nuit et jour au moulin, mesure révélatrice de la corruption et de la voracité bourgeoise de l’époque, mais aussi très révélatrice de ce siècle de prospérité qui fut le seul sans famine de l’Histoire de France.
Les propriétés du prieuré de Mesland furent ensuite également garanties par les archives de la puissance et grande abbaye de Marmoutier jusqu’à la ruée bourgeoise pillarde “judiciaire” et “législative” de la Révolution française qui détruisit ce magnifique ouvrage médiéval d’ampleur européenne. La rue et…
Environ 30 ans plus tard, au début du XIVe siècle, en 1304, un contentieux apparut à propos de la gestion de ce moulin qui apporte un doute sur la propriété véritable et originelle de l’édifice. Qui doit l’entretenir ? Le meunier Herbert Bardin ou le prieur ? A cette occasion la portion de revenus à rendre au prieuré de Mesland sur la production du moulin fut remplacée par une rente fixe en nature. Ainsi, si la production du moulin baissait, le revenu de la rente ne variait pas. Cet acte indique donc qu’elle commençait à baisser ou bien que le meunier trichait, ou bien les deux… Commence alors des contentieux et un grand vide juridique, indiquant une dysfonctionnalité des autorités et un resserrement local de celle-ci.
En 1325, un des héritiers du meunier, Pierre Bardin, vendit contre une somme d’argent, une rente sur ledit moulin à un particulier, sans doute à la suite du décès ou d’une grande difficulté.
En 1332, la veuve d’Herbert Bardin et son fils Guillaume, vendirent à Guillaume de Beausse, chanoine de Tours, appartenant à la famille des seigneurs de Cangey, sa part du moulin, des prés, etc., contre une rente, une roche, c’est-à-dire une cave d’habitation, située à Cangey.
En 1344 et en 1349, aux environs de la Peste Noire, deux nouveaux meuniers et leur femme reconnurent successivement devoir le fermage du moulin à messire Jehan de Beausse, chanoine en l’église Saint-Saveur de Blois. Le premier meunier est-il mort de la peste ? De la criminalité due à la confusion engendrée ? Est-il encore question du prieuré de Mesland ?
En 1355, Jean de Beausse, seigneur de Cangy, bailla le moulin de Lée, à un nouveau meunier. Ce seigneur avait peut-être, par nécessité pour son domaine, fait reconstruire ou rénover ledit moulin. Insécurité territoriale ?
Le 21 décembre 1377, Jehan de Beausse, bailli de Blois, abandonna au prieur de Mesland, représentant les religieux de Marmoutier, le moulin de Lée, pour demeurer quitte de la dette du paiement de plusieurs années de la rente que payait autrefois Guillaume Barbin au prieuré.
La paix revient ?
A la suite de ce paiement de dettes, apparaît un vide de près d’un siècle.
Puis en 1473, la reconstruction du moulin, depuis longtemps en ruines, est organisée par un nouveau bail consenti par le prieur de Mesland envers un nouveau meunier, Clément Daulidon. Le meunier bénéficiait des biens fonciers alentours, prés, garennes, etc., et de leurs ressources, avec l’obligation de reconstruire le moulin sur deux années et de s’acquitter d’une rente en nature.
En 1485, l’abbaye de Marmoutier abandonna au prieur de Mesland tous ses droits sur ledit moulin.
Tout va bien ?
Le bail de 1473 fut renouvelé, pour le même meunier Clément Daudilon, sous forme de copie du précédent en 1492, peut-être à la suite d’une crue ou d’un incendie, ce qui montre que cela était encore possible à l’époque.
Découverte de l’Amérique…
Les choses semblent rentrer dans l’ordre, mais…
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Un acte révélateur de retour à la prospérité, mais…
L’acte présenté au début de cet article porte sur une sentence du bailliage de Blois, datée du 6 septembre 1494, condamnant Clément Daulidon (ou Dolidon) à payer à l’abbé et aux religieux de Marmoutier, ainsi qu’au prieur de Mesland, les arrérages d’une rente de 2 muids de grain à eux due sur le moulin de Lée. La sentence prévoyait qu’en cas de défaut de paiement, les religieux de Marmoutier entreraient en possession du moulin et de ses appartenances.
Le 23 janvier 1495, Clément Daulidon fut condamné à se désister de la possession du moulin de Lée et à en abandonner la jouissance au prieur de Mesland. Le même jour, le prieur de Mesland prit possession du moulin de Lée. Clément Daulidon accepta cette prise de possession par acte du 23 février 1497.
L’or afflue d’Amérique… Traite des noirs… Commerce de nouveautés…
Le prieur vendit ensuite en 1500 des prés situés auprès du moulin. Pour suivre la mode ?
Période d’apparition des jolis manoirs au rez-de-chaussée blindé…
et de la multiplication des pétoires à poudre noire…
Soucis financier et économique ?
Implosion foncière…
Voracité ?
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Avez-vous suivi cette mine de renseignements sans problème d’attention ?
Et ledit texte de la fin du Moyen Age présenté ici ?
Que se passe-t-il actuellement ?
Une infantilisation ?
Art chie…
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Pendant ce temps…
Sur la commune voisine de Limeray, le manoir de la fin XVe siècle, d’Avizé,
résidence de l’Argentier de Louis XI (1461-1483)
Carte postale ancienne
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Avant
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Clocher XIIe siècle, gothique Plantagenêt, de l’église Saint-Martin de Cangey.
Photo Nicolas Huron
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Après…
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Eglise Saint-Martin de Cangey, son chœur Renaissance…
Photo Nicolas Huron
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Architecture…
Ce simple exemple de suivi d’une rente foncière nous explique beaucoup de l’évolution architecturale entre le dernier quart du XIIIe siècle et le début du XVIe siècle. Cette évolution se lit très bien dans nos campagnes, dans beaucoup de fermes, et dès que l’on traverse un bourg, une commune, une vieille ville…
Si vous vous ennuyez, cultivez-vous et cultivez votre curiosité !
Prospérité de l’ECCLESIA, assemblée des hommes,
contre prospérité bourgeoise rentière
domestique et matriarcale…
Qui se saisit toujours
du précédent ?
La mode !
L’âme
ode…
!
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Extrait de dépouillement et d’analyse… des textes
Extrait de mon étude des noms de lieux de la commune page 92 et 93 (téléchargeable gratuitement via ma boutique) :
Le Moulin de Lée
Nous ne connaissons pas la date de construction et d’installation du premier moulin de Lée qui fut sans doute antérieure au XIIIe siècle.
(Archives départementales de Loir-et-Cher : 16 H 88 pièce 16 ; Métais, n° 346)
La première mention écrite du moulin de Lée est cette reconnaissance faite en 1276 devant
l’official de l’archidiaconé de Blois, par Guillaume de la Vallée, Guillelmum de Valle, des droits du prieur de Mesland (prioratus de fonte Mellandi) de recevoir une portion des revenus du moulin de Lée (molendini dicti de Lée ou in molendino de Lée), le tiers et la sixième partie, et d’y placer un serviteur, de jour et de nuit, afin de percevoir ladite portion (charte ci-dessus).
Le prieuré de Mesland dépendit à partir du XIVe siècle de l’abbaye de Marmoutier. Ainsi les archives de gestion du moulin de Lée sont majoritairement conservées dans les titres du prieuré de Mesland dans le fonds de l’abbaye de Marmoutier (Archives départementales de Loir-et-Cher : 16 H 93). Ce fonds nous permet de retracer l’histoire du moulin jusqu’à la Révolution française.
Un règlement de contentieux, rendu en la cour du roi à Tours, au sujet du tiers et de la sixième partie des revenus du moulin qui revenaient au profit des religieux de Marmoutier eut lieu en 1304 entre les religieux et Herbert Bardin, propriétaire du moulin. Les religieux de Marmoutier prétendaient n’être nullement tenus d’assurer les réparations au moulin, alors qu’Herbert Bardin prétendait le contraire. L’arrangement prévoyait qu’Herbert et ses héritiers donneraient annuellement au prieuré de Mesland, une rente d’un muid de froment, d’un muid de méteil et d’un muid de mouturage, mesure de Mesland, ceci en remplacement de la tierce et sixième partie des revenus du moulin autrefois perçus par le prieuré. Si cette rente n’était pas payée, le prieur se rendrait propriétaire du moulin, avec le pré et l’écluse.
Le 27 février 1325, Pierre Bardin vendit pour 34 livres à Pierre Yver, une rente de 7 setiers de froment, et 7 setiers de seigle, à prendre sur le moulin de Lée tenu en foi et hommage de Philippe Bellelance.
En 1332, Jehanne, veuve de feu Habert Bardin, et son fils Guillaume, vendirent pour 15 muids de blé, à messire Guillaume de Beausse, chanoine de Tours, la tierce partie qu’ils possédaient dans le moulin de Lée ainsi que 5 quartiers de pré appelé le Marais, et une rente de 5 sols, moitié d’une rente de 10 sols, due annuellement par un certain Macé Macignot pour une roche située à Cangy, le tout se trouvant sur le fief de Phelippe Bellelance.
En 1344, Guillaume Buffereau et Agnès, sa femme, reconnurent devoir à Jehan de Beausse, chanoine en l’église Saint-Saveur de Blois, pour fermage du moulin de Lée, 2 muids mine de froment, 2 muids mine de méteil, et 7 setiers mine de mouturage, mesure de Limeray. Une telle reconnaissance fut rendue en 1349 par Macé Menebouch et Guillemete, sa femme, d’une rente de 11 muids de blé au profit de Jehan de Beausse pour le fermage du moulin de Lée.
En 1355, Jean de Beausse, seigneur de Cangy, bailla le moulin de Lée et ses dépendances, à Regnaut Poumete, paroissien de Cangy, moyennant un loyer annuel de 5 muids de grain, soit un tiers de froment, un tiers de méteil, et un tiers de mouturage.
Le 21 décembre 1377, Jehan de Beausse, bailli de Blois, abandonna au prieur de Mesland
(Fontaines Mellan), représentant les religieux de Marmoutier, le moulin de Lée, pour demeurer quitte des arrérages de plusieurs années de la rente de 3 muids de blé due au prieuré sur le moulin et que payait autrefois Guillaume Barbin.
Par acte passé les 14 mai 1473 et 25 juin 1473, l’abbé et le couvent de Marmoutier, baillèrent à perpétuité à Clément Daulidon, paroissien de Château-Renault, le moulin de Lée alors en ruine, situé paroisse de Cangy, sur la rivière de Cisse, avec un fonds, la rivière, la pêche, la garenne, le bief, les prés, les pâtures, les noues, les bois, les jardins, l’aulnaie, et tous les autres droits, moyennant 2 muids de blé, un de froment et un de mouturage valant seigle, et 6 deniers de cens, à charge pour le preneur d’édifier une maison et un moulin dans un délai de deux ans. Ce bail sera renouvelé sous forme de vidimus le 10 décembre 1492.
Le 4 mai 1485, l’abbé et les religieux de l’abbaye de Marmoutier cédèrent à Guillaume de la Hingraye, prieur de Mesland, tous les droits qu’ils possédaient sur le moulin de Lée.
Le 6 septembre 1494, une sentence du bailliage de Blois condamna Clément Daulidon (ou Dolidon) à payer à l’abbé et aux religieux de Marmoutier, ainsi qu’au prieur de Mesland, les arrérages d’une rente de 2 muids de grain à eux due sur le moulin de Lée. La sentence prévoyait qu’en cas de défaut de paiement, les religieux de Marmoutier entreraient en possession du moulin et de ses appartenances.
Le 23 janvier 1495, Clément Daulidon fut condamné à se désister de la possession du moulin de Lée et à en abandonner la jouissance au prieur de Mesland, Guillaume de la Hingraye. Le même jour, le prieur de Mesland, Jehan de la Hingraye, prit possession du moulin de Lée. Clément Daulidon accepta cette prise de possession par acte du 23 février 1497.
Le 16 mars 1500, Jehan de la Hingueraye, prieur de Mesland, acheta un quartier de pré situé prés du moulin de Lée, à Jehanne femme de Pierre Touchard.
Le 30 décembre 1500, le prieur de Mesland fit l’acquisition de Michel Parreau, paroissien de Cangey, d’un autre quartier de pré situé près du moulin de Lée.
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La suite… L’as huis te… Lasse huis te… La suie te… L’as suit euh…
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