Téléchargez, ci-dessous, gratuitement, mon ouvrage :
Moléans (Eure-et-Loir),
histoire par ses noms de lieux
dont voici un petit complément, à cette étude d’inventaire…
Un retour à la préhistoire avec les invasions barbares
Les nouveaux habitats des anciens esclaves et de leurs nouveaux maîtres barbares francs qui n’étaient que des guerriers mercenaires, tueurs, des chasseurs, des pêcheurs, des cueilleurs, mais nullement paysans, furent installés auprès des rivières et des bois.
Maquette et photo de Nicolas Huron
Il s’agissait d’habitations en bois construites avec des poteaux. Cette architecture barbare rudimentaire perdurera jusqu’au milieu du Moyen Age et la naissance de la féodalité.
Après avoir été totalement dévastées et détruites, par les invasions barbares, surtout celle de 406, les villae gallo-romaines, symboles d’esclavagisme ne furent ni occupées, ni reconstruites, ni entretenues, sauf une à Marboué, sur la grande voie de Paris à Tours via Chartres, au nord de Châteaudun, sur le Loir en aval de Saint-Christophe et de Saint-Maur-sur-le-Loir et à l’ouest de Donnemain-Saint-Mammès et de Moléans.
Cette seule villa gallo-romaine conservée par l’autorité franque était sans doute un paramétrage militaire pour piéger ceux qui voulaient s’approprier le genre de confort esclavagiste romain et le remettre au goût du jour.
La chose surprend encore les archéologues, mais non les historiens…
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L’écriture, qui est critère de l’Histoire, disparut presque complètement jusqu’à la renaissance carolingienne initiée par Charlemagne. L’écriture, qu’elle soit latine ou grecque, fut presque abandonnée, sauf auprès des clercs de l’Eglise qui avait conscience, pendant ce Haut-Moyen-Age, de leur ignorance en la matière comme l’avoue humblement l’évêque de Tours, Grégoire de Tours, en préambule de son “Histoire des Francs”.
Le royaume de Syagrius
Le terme de roi, apparaît à cette époque avec les invasions barbares. Syagrius, le dernier représentant en Gaule de la Rome de l’empire romain d’Occident, était lui même appelé “roi des Romains” par les rois barbares. Son « royaume » s’étendait au nord de la Loire jusqu’aux limites du limes nord du delta du Rhin tenu par les Francs saliens.
L’autorité chrétienne de Rome et Clovis contre l’esclavagisme romain
Pendant tout le Ve siècle, entre la ruée germanique barbare de 406 et les campagnes de Clovis en Gaule contre les Wisigoths, la population locale, c’est-à-dire les esclaves, voire même les esclavagistes ayant survécu aux massacres et aux destructions des barbares germains, souhaitaient se placer sous la tutelle des Francs saliens comme l’a signalé Grégoire de Tours.
On considère l’invasion et la prise du pays par les Francs de Clovis comme faisant partie des invasions barbares, ce qui est en partie faux. Les Francs étaient des socii de Rome, c’est-à-dire que Clovis n’était pas un ennemi pour Rome, mais un chef germain associée à la défense romaine, de religion romaine, qui eut à glorifier sa position de chrétien catholique romain nouvellement baptisé et entré dans l’Eglise catholique romaine en 496, héritière de l’Empire d’Occident, pour imposer le servage à la place de l’esclavagisme romain, servage beaucoup plus salutaire et populaire pour les agriculteurs locaux esclaves.
Une illustration par les noms de lieux de la commune de Moléans
On peut illustrer et apporter les preuves à cet historique par les noms de lieux des communes rurales de la Région Centre.
L’exemple des toponymes de Moléans et de ces hameaux, comme Vallainville, avec, cerise sur le gâteau, sa chapelle sancta barbara. et les écarts comme Tirouard, Gironville, Gripré, en sont une illustration éclatante.
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Extrait ci-dessous de mon ouvrage :
Moléans (Eure-et-Loir), histoire par ses noms de lieux
à télécharger ici, gratuitement :
NicolasHuron-Toponymie-Moleans(28).pdf
(Lien transparent : https://patrimoine-rural.com/NicolasHuron-Toponymie-Moleans(28).pdf)
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Bonne visite à travers l’étude de Moléans (Eure-et-Loir) par ses noms de lieux.
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Les noms en –ville
Lors de leur installation, les Francs associèrent leur nom propre au terme gallo-romain de « villa » afin de légitimer leur propriété. Presque tous les toponymes finissant par le mot « –ville » sont associés, soit à un nom d’homme germanique, soit à un mot d’origine franque. La répartition de ces toponymes en Région Centre est parfaitement démonstrative de la mainmise franque sur la Beauce, juste après 486 (ou avant, comme mercenaires de la fin du IIIe siècle, comme le montre mon étude à partir de Françay).
Les toponymes contenant ville en Région Centre
Carte Nicolas Huron
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Vallainville
La première mention de ce hameau date de 1232, « Vallainvilla », et apparaît dans une charte de l’abbaye de Bonneval. Dans le polyptique de Chartres, datant de 1300, nous trouvons la forme « Valainvilla ». La terminaison latine « a » est une adaptation à la langue écrite latine du Moyen Age, mais on disait bien au XIIIe siècle Valainville.
L’interprétation simpliste actuelle est d’isoler « val » pour l’interpréter à partir du latin vallis, vallée. Cette hypothèse paraît confirmée avec la situation de Valainville dans une vallée. Nous pouvons voir aussi dans « val », le germain wald, bois. Ces deux pistes ne nous semblent pas adéquates.
Nous pensons que le découpage du mot doit se faire ainsi : « Valain-ville ». Reste à déterminer l’origine de « valain ».
L’origine la plus courante est valens, du latin valens, valentis, vaillant, fort, puissant, influant, qui donna Valentin. Nom d’homme gallo-romain, il se décline sous la forme de « Valentinus », « Valens », « Valentius ». Ce nom a été popularisé par plusieurs saints.
Une autre origine est une déformation de « Valère », « Valerus ». Le nom de Valerus a été popularisé au IIIe siècle car il était le nom d’un martyr du Soisonnais.
Ces pistes ne semblent pas correspondre avec l’ensemble des autres toponymes terminés par « -ville ». En fait, « Valain » est un nom franc walo, walah, wala qui désigne un « étranger ». On trouve cette signification comme sobriquet picard. Valainville est en fait la « villa de l’étranger », de celui qui porte ce surnom. Les noms germaniques ont un sens, ce sont des surnoms et celui-ci a pu être compris par la population gallo-romaine locale comme un synonyme de valens.
La chapelle de Vallainville, commune de Moléans (28)
Photo Nicolas Huron
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La chapelle de Valainville
Dédiée à sainte Barbe, cette chapelle, dans son état actuel, est difficile à dater. Son architecture semble du XIIe siècle, mais il faudrait une étude approfondie pour en être certain. Ce que l’on peut remarquer, c’est une très ancienne inscription avec un bas-relief d’un personnage sculpté dans un style mérovingien ou carolingien. Ce ne semble pas une sculpture romane mais une pierre de récupération insérée dans la maçonnerie au-dessus de la porte d’entrée.
Sur cette inscription on peut lire en latin très approximatif : « DIO ORA / S PETRE ORA / S BARBARA O(ra) », « Priez Dieu, priez saint Pierre, priez sainte Barbe».
Inscription et bas-relief de la chapelle de Vallainville
Photo Nicolas Huron
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De toute évidence, l’existence d’une chapelle en cet endroit, même si le bâtiment a été reconstruit dans la seconde moitié du Moyen Age, est très ancienne. Le choix de sainte Barbe à Valainville n’est pas du pur hasard. Ce fut un choix délibéré.
Sainte Barbe aurait vécu au milieu du IIIe siècle à Nicomédie en Asie Mineure (aujourd’hui Izmit en Turquie) sur la mer de Marmara. D’autres sources la font naître à Héliopolis (aujourd’hui Baalbek au Liban) où elle aurait vécu sous l’empereur Maximien. Son père, Dioscore, aurait été un riche édile païen descendant de satrapes perses. Pour protéger la virginité de sa fille ou la protéger du prosélytisme chrétien, ce père l’enferma dans une tour à deux fenêtres. Mais un prêtre chrétien, déguisé en médecin, s’introduisit dans la tour et la baptisa.
Au retour d’un voyage de son père, Barbe lui apprit qu’elle avait percé une troisième fenêtre dans le mur de la tour pour représenter la Sainte-Trinité et qu’elle était chrétienne. Furieux, le père mit le feu à la tour. Barbe réussit à s’enfuir, mais un berger découvrit sa cachette et avertit son père. Ce dernier la traina devant le gouverneur romain de la province, qui la condamna au supplice.
Comme la jeune fille refusait d’abjurer sa foi, le gouverneur ordonna au père de trancher lui-même la tête de sa fille. Dioscore la décapita mais fut aussitôt châtié par le Ciel : il mourut frappé par la foudre.
Quand les chrétiens vinrent demander le corps de la jeune martyre, ne voulant pas utiliser son prénom perse et ne pouvant pas se dévoiler en utilisant son prénom de baptême chrétien, ils ne purent en parler que comme « la jeune femme barbare », l’étrangère, d’où le nom de sainte Barbara qui lui fut donné.
Le choix du patronage de saint Pierre, qui deviendra aussi patron de la paroisse, n’est pas non plus de toute innocence. Saint Pierre trahit le Christ par trois fois, mais c’est sur lui que Jésus comptait pour bâtir son église (ecclesia : assemblée des fidèles). C’est lui qui ouvre les portes du paradis. Il est une garantie de vie éternelle pour des Francs chrétiens de fraiche date.
Les Francs savaient très bien qu’ils étaient pour les Romains des barbares ne parlant pas le latin. Les Chrétiens, de part leur croyance et leur idéologie, étaient opposés à Rome et à son paganisme, à son esclavagisme et aux refus de ces citoyens de croire en Dieu, en la Trinité et en la Résurrection du Christ.
Les Chrétiens attendaient la fin des temps et le jugement dernier, ce qui n’était pas du tout du goût des Romains. Quand les Romains adhérèrent en masse à la religion chrétienne, cela sonna le glas de l’Empire, car cela sapait les fondements de son pouvoir, de sa domination sur le monde, de ses mœurs. L’arrivée des Francs et le baptême de leur roi Clovis à la religion catholique et romaine fut une véritable révolution libératrice.
Etant donné l’ancienneté de la fondation de cette chapelle, il ne serait nullement étonnant de trouver dans le sol non loin d’elle des sarcophages mérovingiens en pierre. Ce genre de trouvailles serait vraiment étonnant autour de l’église de Moléans dont la fondation est beaucoup plus récente.
Les Nays
Situé en limite est de la commune, sur la commune de Conie-Molitard, « les Nays », semble un nom en rapport avec Valainville. On a voulu y voir un dérivé de « noue », terme gaulois définissant des terres humides caractéristiques du lieu. On a voulu y voir aussi un synonyme de « andain », une prairie à fauche. Nous pensons que ces pistes ne sont pas très crédibles car elles déforment trop la phonétique. « Né », « nay », « ney », désigne en ancien français, un nouveau mais aussi un personnage agréable. Les « Nays » pouvait ainsi surnommer leurs nouveaux habitants, ceux dont une famille sera à l’origine du domaine de Valainville.
Signalons à tout hasard une autre piste. En germain, le terme neyer, naher en alémanique, désigne un couturier. Le terme flamand, proche du franc, naeyaer désigne aussi un couturier. Ainsi, pour les anciens, les « Nays » pouvaient avoir deux sens : les nouveaux pour la population locale et les couturiers pour les Francs, mais la piste des couturiers manque de fondement.
La Godelle
Ce toponyme, apparaissant aussi sous la forme « Gaudelle » a été interprété comme provenant du germanique wald, le bois. C’est un diminutif. Ce toponyme est placé à côté de celui du « Petit Bois » de Valainville, ce qui confirme l’hypothèse. La « Godelle » a perdu son sens, mais la caractéristique du lieu, un petit bois, a fait l’objet d’une nouvelle dénomination portant le même sens. L’interprétation est donc juste. Ce sont les Francs de Valainville qui créèrent ce toponyme en désignant dans leur langue le petit bois touchant leur village au sud-ouest.
Gironville
La carte de la p. 44 (carte des topnymes en –ville) ne montre que les villages, chefs-lieux des communes ou hameaux. Des toponymes d’habitats isolés comme Gironville n’y figurent pas. Les noms terminés par « -ville » sont en fait beaucoup plus nombreux que ne le suggère la carte.
Gironville apparaît aussi sous la forme de Girouville. « Giron » ou « Girou » est un nom d’origine germanique issu du mot « giro », la lance, surnom évoquant un guerrier « avec lance, celui qui porte la lance ». Cet habitat deviendra le siège d’une seigneurie comme l’attestent les textes et un plan du XVIIIe siècle (E 1512 – 2 Fi 47/3).
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Le pont Gillou
Ce toponyme est situé sur la « fausse » rivière entre Moléans et Vucennes, sur la rive gauche de la Conie. Gillou est un nom germanique issu de gisl qui signifie « otage ». Ce toponyme nous montre que les habitants avaient sans doute construit un pont sur la Conie dès l’époque mérovigienne. Cela tendrait à prouver l’existence d’un habitat à Moléans et à Vucennes à cette époque.
Tirouard
Le bois de Montanson, au nord-ouest de Gironville, portait également le nom de « bois Tirouard ». Ce nom « Tirouard ou Thirouard » est formé avec « Tirou », un diminutif de Thierry avec le suffixe « ouard » « ward », garde. Il faut savoir que les noms à cette époque n’étaient pas transmis de père en fils, mais que chaque personne portait son propre surnom. On peut aller plus loin en imaginant que la personne, un jeune homme, puisqu’il s’agit d’un diminutif, avait la garde sur le chemin suivant la Conie au nord. Pure
hypothèse.
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Gripré
C’est un ancien habitat figurant sur un plan du XVIIIe siècle (E 1512 – 2 Fi 47/3). On a voulu associer à ce toponyme la notion d’épines qui agripperaient, mais il faut en fait y voir un nom d’homme germanique issu de « gripan », saisir violemment, surnom d’un
homme rapace, avide. On dit aujourd’hui « Grippet ».
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L’habitat au Haut Moyen Age
Les fouilles archéologiques pratiquées sur l’ensemble de la France nous donnent une idée assez exacte de l’aspect de l’habitat dans la première moitié du Moyen Age. Pendant près de cinq cents ans, les habitants du royaume des Francs construisirent leurs habitations en bois. Les chapelles et les églises rurales étaient également en bois. Ce genre d’habitat permettait une construction rapide et facile. Cette maquette montre à quoi il pouvait ressembler au VIIe siècle.
Maquette et photo de Nicolas Huron
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Moléans au Haut-Moyen-Age – Carte d’enquête pour le Haut-Moyen-Age
Carte Nicolas Huron
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Moléans (Eure-et-Loir), histoire par ses noms de lieux
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