Frontières antiques : approche des Saint-Georges (4)

4 – Frontières antiques et approche

des toponymes Saint-Georges :

explications en diocèse d’Orléans

Table des matières de mon enquête sur les toponymes Saint-Georges.

Le culte de saint Georges est, de par le statut du personnage (voir l’article 1), un culte lié à l’ordre équestre et à l’aristocratie romaine et son ancienneté est démontrée par la toponymie gauloise ou gallo-romaine souvent militaire voisine de chaque lieu concerné, mais elle est aussi prouvée par des démembrements anciens de circonscriptions, et même par de nombreuses ruines et d’incroyables vestiges romains. Ces toponymes et son culte sont souvent liés à des voies, des passages, des entrées, voire à de superbes villae aristocratiques esclavagistes comme des palais impériaux.

Personne n’avait jusqu’à présent fait le rapport entre les plus célèbres ruines gallo-romaines du Loir-et-Cher et l’église Saint-Georges de Thésée. Il suffisait simplement de ne pas être contre la culture chrétienne catholique romaine, voire même contre la culture chrétienne orthodoxe grecque, pour voir la relation historique antique. Pourtant un monument explique l’autre. Voilà qui va être rétabli et réparé ci-dessous…

Les ruines gallo-romaines des Maselles de Thésée (41 ; Loir-et-Cher)

Les ruines gallo-romaines des Maselles de Thésée (41 ; Loir-et-Cher)

Les ruines gallo-romaines des Maselles de Thésée (41 ; Loir-et-Cher)

Photo Nicolas Huron

Personne n’avait fait également le rapport entre les ruines gallo-romaines de Pithiviers-le-Vieil et les deux églises Saint-Georges, toutes proches, de Pithiviers et de Mareau-aux-Bois. Réparons cette injure faite au Grand Martyr, torturé et assassiné pour nos libertés. Ces lieux de franchise le sont-ils toujours ? Quelle dictature étrangère s’est installée sur cette terre sacrée et martyre ?

dans l’Orléanais, ancien diocèse d’Orléans et ses abords

Cet article fait suite à celui réalisé sur le sujet à propos du Berry, ancien diocèse de Bourges. L’article précédent est important à consulter pour comprendre la situation géographique des églises Saint-Georges et les principes environnementaux et historiques de leurs implantations (article 3). Nous allons traiter dans cet article uniquement de l’Orléanais, c’est-à-dire de l’ancien diocèse d’Orléans et de ses abords.

Article de l’inventaire : les cartes, la liste et les liens…

Cliquez sur la carte ci-dessous pour la faire apparaître dans une autre fenêtre.

Les églises Saint-Georges du diocèse d’Orléans.

Les églises Saint-Georges du diocèse d’Orléans.

Les églises Saint-Georges de l’ancien diocèse d’Orléans et de ses environs.

Carte Nicolas Huron

Ce diocèse a été créé vers la fin du IIIe siècle (empereur Aurélien, 270-275), pendant un temps de tolérance envers les chrétiens ou aux environs de la grande persécution de l’Empereur Dioclétien des environs des années 303-305.

Il est la division en deux de l’ancien territoire contrôlé par les Carnutes, l’une des tribus gauloises les plus puissantes des Gaules pendant la Guerre d’invasion menée par Jules César. Cette division, dont les limites de la frontière est en quinconce, a sans doute été organisée pour limiter la puissance de cette plaine céréalière et la puissance de l’aristocratie qui pouvait en avoir le contrôle. La partie sud de l’ancien diocèse de Chartres, plus viticole, arboricole et maraichère, a aussi été divisée en deux. Cette frontière s’appuie sur la limite de la forêt de Marchenoir, la longue forêt, la Silva Longua. Cette frontière méritera un article particulier pour en comprendre l’implantation.

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La frontière sud de l’ancien diocèse d’Orléans

La frontière sud de l’ancien diocèse d’Orléans a été en partie traitée dans l’article précédent (article 3). Ainsi l’église Saint-Georges de Salbris, située dans l’ancien diocèse du Berry, et aujourd’hui en Loir-et-Cher, est à considérer comme liée au péage de frontière de l’Empire romain prétexté par un pont sur la Sauldre. Son église Saint-Georges est un signe aristocratique lié à la classe équestre nobiliaire romaine. Elle appartenait au diocèse de Bourges mais est à considérer comme la trace d’un centre de prélèvement sur le transport vers Rome, ou dans l’autre sens, vers les armées gardant la frontière avec la Germanie barbare. Cette église rappelle l’épée de Damoclès qui menaçait autant le Berry que la Sologne et l’Orléanais.

L’église Saint-Georges de Thésée (41, Loir-et-Cher, ancien diocèse d’Orléans) se situe dans l’angle sud-ouest de l’ancien diocèse d’Orléans, en limite avec les diocèses de Tours, de Bourges, et de Chartres auquel ce lieu appartenait avant la création du diocèse d’Orléans. Cette église a été donnée à l’abbaye de Pontlevoy (Loir-et-Cher) en 1121 par Jean II, évêque d’Orléans, ce qui nous indique qu’elle était autrefois sous la tutelle directe de l’évêque d’Orléans comme certains autres points importants des angles des frontières des anciens diocèses.

Thésée semble avoir été un centre de tri, de péage et de contrôle sur la rive nord de la rivière du Cher, entre la Touraine et le Berry. Le toponyme de Thésée, Tasciaca, figure sur la table de Peutinger, carte attestant de son importance dans le réseau routier de la fin de l’Antiquité.

C’est même peut-être une ancienne écurie…

Taxe qui a cas…

On y trouve les célèbres ruines gallo-romaines des Maselles, datant du IIe siècle. Thésée est lié au roi héro grec Thésée qui est surtout connu pour avoir tué le Minotaure du labyrinthe crêtois. On est peut-être là en présence d’un ancien palais aristocratique. Le lieu est habituellement interprété comme un entrepôt et parfois comme un palais aristocratique non terminé (pourquoi pas une écurie aristocratique comme celle de Saint-Hippolyte de Bourges).

Une sorte d’investissement pour faire tolérer une autorité moyennement abusive ?

Tasse y a qu’à…

Thésée était au Xe siècle, le chef-lieu d’une viguerie du pagus Aurelianensis.

Certains toponymes autour de Thésée indiquent un point fort très ancien avec la Barre, et des éléments défensifs médiévaux, avec les Haies, le Gaillard, etc.

L’église Saint-Georges de Saint-Georges-sur-Cher (41, Loir-et-Cher, ancien diocèse de Tours), située sur la rive sud du Cher, est liée au toponyme du Port et à la surveillance de cette voie de communication fluviale reliant Tours à Bourges, avant de se frotter aux frontières des diocèses de Chartres, d’Orléans et de Bourges.

L’église Saint-Georges de Chaumont-sur-Tharonne (41, Loir-et-Cher, ancien diocèse d’Orléans) est située sur la voie d’Orléans à Romorantin, allant plus loin sur l’ancien pont gaulois sur le Cher de Chabris. C’est un carrefour menant aussi vers Saint-Viâtre, dans l’ancien diocèse d’Orléans, et plus loin, vers Selles-Saint-Denis, dans le diocèse de Bourges.

L’église Saint-Georges a disparu et il ne subsiste dans le bourg que l’église Saint-Etienne qui appartenait autrefois, comme l’église Saint-Georges, à l’abbaye bénédictine de Micy-Saint-Mesmin, près d’Orléans. La paroisse de Chaumont-sur-Tharonne est voisine de celle de la Ferté-Beauharnais, au nom équestre et militaire, et de celle de Neung-sur-Beuvron, agglomération gallo-romaine, située au confluent du Beuvron et de la Tharonne, munie d’un théâtre, de sanctuaires, et où fut trouvées de très nombreuses monnaies romaines. La Ferté-Beauharnais et Neung-sur-Beuvron sont situés en limite avec Marcilly-en-Gault (41) qui se trouve être une avancée, sans doute volontairement provocatrice, de l’ancien diocèse de Bourges.

Mars -illy en goths…

La défense est et nord-est d’Orléans

L’église Saint-Georges de Bou (45, Loiret, ancien diocèse d’Orléans), est situé sur un bout de boue, un méandre très marqué de la Loire en amont d’Orléans, point de surveillance et de contrôle idéal, et donc de péages et de prélèvements par une autorité, sur le cours de ce fleuve. En dehors de la forêt d’Orléans, c’est l’obstacle naturel défensif de la ville d’Orléans, le plus visible en amont de cette agglomération.

L’église Saint-Georges-et-Saint-Avit d’Orléans, était située, dans la partie nord-est de l’agglomération, non loin de celle dédiée à saint Michel, près de la route vers la Germanie, vers le diocèse de Sens, vers la route empruntée par Jules César avant que celui-ci fasse détruire cette ville quand elle portait, à l’époque gauloise, le nom de Genabum ou Cenabum.

Gênes ab hommes… Seine à beau hommes…
C’était d’ormes ?

La défense est et nord-est de l’ancien diocèse d’Orléans

En limite entre les diocèses d’Orléans et de Sens, à l’entrée est de la forêt d’Orléans nous trouvons les deux églises Saint-Georges de Mareaux-aux-Bois et de Sury-aux-Bois dans le diocèse d’Orléans. Tout à fait à l’Est, dans le diocèse de Sens, en limite avec celui d’Auxerre, et non loin de la limite du diocèse d’Orléans, existe l’église Saint-Georges de Langesse sur la même bande forestière.

L’église Saint-Georges de Sury-aux-Bois (45, Loiret, ancien diocèse d’Orléans) se situe sur une avancée de la frontière de ce diocèse sur le diocèse de Sens. L’agglomération gallo-romaine de Bouzy-la-Forêt, avec son théâtre, est situé de l’autre côté de la forêt au sud, près de Saint-Martin-d’Abast qui semble en être une subdivision. Les toponymes défensifs et militaires des communes voisines de Bellegarde (45, Loiret, ancien diocèse de Sens) et de Châtenoy (45, Loiret, ancien diocèse de Sens) sont également notables.

On peut aussi signaler le toponyme Les Saint-Georges sur la commune de Pannes (45, Loiret, ancien diocèse de Sens) au nord-ouest de la ville de Montargis.

L’église Saint-Georges de Mareau-aux-Bois (45, Loiret, ancien diocèse d’Orléans) se situe à la limite nord de la forêt d’Orléans, près de la route reliant Melun à Orléans, via Pithiviers, dans l’angle nord-est du diocèse, où existe aussi une église Saint-Georges. Mareau-aux-Bois est situé au sud du sanctuaire aux nombreux fana (temples) de la Grande Raye à de Pithiviers-le-Vieil (45), vicus gallo-romain situé sur le plateau dominant l’Oeuf, près des voies de Reims à Orléans, et celle de Sens au Mans. L’église dépendait directement de l’évêque d’Orléans avant sa donation en 1186 aux chanoines réguliers de l’abbaye Saint-Euverte-d’Orléans.

L’église collégiale Saint-Georges de Pithiviers (45, Loiret, ancien diocèse d’Orléans) qui a la réputation de remonter à Clovis, est, comme la précédente, liée au site gallo-romain de Pithiviers-le-Vieil. Ce site militaire est situé dans l’angle nord-est du diocèse d’Orléans, au milieu d’une sorte de trident formé par les limites de cette frontière avec le diocèse de Sens.

L’église Saint-Georges de Grangermont (45, Loiret, ancien diocèse de Sens) est située juste au sud de la voie Sens au Mans, et non loin du pont sur l’Essonne de Briarres-sur-Essonne (45, Loiret), face à une avancée du “trident” de frontière de l’angle nord-est du diocèse d’Orléans. Il est à noter dans la Seine-et-Marne, dans l’ancien diocèse de Sens, l’église Saint-Georges de Paley (77) et son jeu de mot mnémotechnique à la rébellion de saint-Georges au palais impérial (voir article 1).

La défense d’Orléans par la route du Mans

Signalons deux autres toponymes en limite du diocèse d’Orléans sur la grande voie allant de cette ville au Mans : Saint-Georges et le Petit Saint-Georges sur la commune d’Epieds-en-Beauce (45, Loiret, ancien diocèse d’Orléans), indiquant la présence d’un ancien prieuré médiéval, mais surtout de la présence ancienne d’une ponction aristocratique.

Table des matières de mon enquête sur les toponymes Saint-Georges.

Et bientôt la Touraine et le sud du diocèse de Chartres…

Mon prochain article traitera des églises Saint-Georges dans le diocèse de Tours et dans le sud du diocèse de Chartres et à leurs frontières.

Pour plus de détails sur votre propre toponyme :
Contact ! avec votre propre réalité historique…

Chacun pourra aller beaucoup plus loin,
bien plus loin, non loin de chez lui,
en France ou en Région Centre.

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