La phonétique et le faux nez tique…
Bien que les deux autres toponymes Charost de France, Charost à Pontigny (Yonne ; 89) et Charost à Saint-Hilaire-en-Lignières (Cher ; 18) ne portent pas d’accent circonflexe, celui de Chârost, commune du département du Cher (18) en porte un qui rappelle que ce “chapeau chinois” est soit la trace d’un “s” disparu, soit la trace du doublement de la voyelle : Chasrost ou Chaarost.
Cette suggestion, très utile, trouve sans doute son origine au XIXe siècle, à travers un érudit local. Ce petit détail va nous aider à comprendre la complexité de la compréhension d’un toponyme aussi ancien que Chârost.
Ainsi, Chârost ne doit pas se comprendre comme un mot entier et cohérent, mais comme une construction propre définie par son propre terroir. Il reste à en trouver les éléments qui le composent et je vais faire cela, ici, à travers quelques articles en traitant d’abord le début “cha” et la fin “ost”.
En toponymie, “cha” désigne souvent la roche, la pierre. Ainsi Chârost peut vouloir dire “pierre rôtie”. La suggestion a été donnée par son église Saint-Michel elle-même.
La nef rouge de l’église Saint-Michel de Chârost (Cher ; 18)
La ligne blanche a une fonction baptismale
Photo Nicolas Huron
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Cette remarque peut sembler puérile mais elle est juste, car localement il est très facile de se rendre compte que le terroir est le fond de la mer et que la pierre, le calcaire du Jurassique en l’occurrence, s’est asséché, en y trouvant des ammonites très fréquentes au nord de Chârost, fossiles ressemblants à des cornes de bélier et utilisés autrefois pour orner le front de Jupiter. Nous reviendrons sur ces questions maritimes et géologiques dans un autre article. Quant aux questions mythologiques, elles suivront…
Ce qui est suggéré est que l’élément “cha” peut s’étudier à part et c’est ce que nous allons démontrer ici.
On sait qu’avant Jules César et l’invasion romaine de la Guerre des Gaules, les Gaulois, cavaliers, parasites du cheval et esclavagistes se servant des fers, utilisaient l’alphabet grec et que la plupart de leurs mots étaient de famille indo-européenne, non germaniques, mais plutôt d’essence grecque océanique et méditerranéenne. On va voir que cela est vrai car tout s’éclaire en utilisant un dictionnaire grec comme Le Grand Bailly dont voici le lien internet : https://bailly.app/. Une version papier est bien plus pratique d’usage pour feuilleter et faire nos recherches, croyez-en mon expérience…
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Chat, chas, χἀ, ka, cas qu’a, καί, kaï,
En grec, le “cha” correspond au mot χἀ, ka, contraction de καί, kaï, ayant donné “caille”, qui est la désignation d’une agglomération minérale, une contraction, une pierre, un caillou, terme qui se trouve ainsi sous forme de toponymes divers et variés, mais aussi sous la forme de Chailles, le –ille évoquant un diminutif, l’eau ou l’humidité, voir la source. Il s’agit en linguistique d’une crase, une agglomération, une agglutination, ce qui, ici à Chârost, dans le sommet et cul de sac de la partie intérieure d’un méandre très marqué de la rivière de l’Arnon, est tout à fait approprié.
Cha-art-r’eaux… méandres…
Motteur, ça tourne !
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Ce qui est le plus étonnant est que la crase χἀ, ka, sert à unir deux mots, deux notions : char- et –arost, mais aussi cha- et –arost, sachant que –arost n’est pas plus simple.
Ce mot a une étymologie indo-européenne ḱmt-, “avec”, “le long de”, “vers le bas”, ce qui correspond à sa situation auprès de l’Arnon.
La notion d’agglomération et de contraction semble exprimée à travers le toponyme lui-même, ce qui est une des clés principales pour comprendre la toponymie, science annexe complexe de l’Histoire.
Toutes, un pot, aiment…
Un pot peau ?
Car à passe !
Ce mot grec καί, kaï, contracté en ka, χἀ, a, dans le Grand Bailly, une définition assez longue que nous allons un peu contracter ici. Le mot καί apparaît seul comme conjonction et comme adverbe.
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la conjonction καί, kaï, χἀ, ka…
Comme conjonction, il s’emploie en grec ancien, dans une même proposition pour unir deux mots de même catégorie (noms, adjectifs, verbes, etc.) et équivaut à notre « et ». Si les deux mots expriment une idée contraire, dans ce cas καί équivaut à notre « mais ». Il sert aussi à attirer l’attention sur une partie d’un tout, sert également à exprimer avec plus de précision une idée générale, à rattacher à l’idée de nombre une idée de qualité. Il exprime, avec les adjectifs et les adverbes, la parité ou la ressemblance.
Il sert à unir deux propositions, même si les deux propositions expriment une idée contraire. Il sert notamment pour marquer une conséquence de l’idée exprimée dans la première proposition, marquer une conséquence un rapport de simultanéité entre deux propositions.
Ainsi Chârost s’exprime lui-même, mieux qu’un langage linéaire… à sens unique.
Au commencement d’une phrase, ou d’un phrasé phonétique toponymique comme Chârost, il peut marquer un mouvement d’affection ou d’encouragement : « et maintenant », « allons ! ». Il sert aussi à donner plus de vivacité à la phrase, pour réveiller ou pour attirer l’attention : « et alors », « et maintenant ». Il peut compléter avec « aussi bien que », « non seulement… mais encore ». Il peut se construire avec un autre καί au sens de « et… et… »… Il peut être également restrictif « et cependant… ». Il sert aux énumérations : « et… et… et… ».
Une vraie liste à la Prévert… halle à prés verts…
Ce terme καί, kaï, contracté en ka, χἀ, signifie aussi « et même », « même », « et de plus », « et en outre » entre deux adjectifs dont le second renchérit sur le sens du premier. Il correspond aussi à « et cela », « et en même temps » ; « tout à fait » ; « et ensuite », « puis »…
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l’adverbe χἀ, ka, καί, kaï…
Il signifie « aussi », « de même », « lui-même », « maintenant encore », « même », « seulement », « aussi bien… que », « et en effet… aussi », « et certes », « et vraiment », « ainsi donc », « par conséquent »… Il peut aussi être lui-même contracté en κ’, ch’ : ch’arost.
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Plus loin encore, plus Loup Hun χἀ, ka, καί, kaï
Par son insistance, le mot χἀ, ka, καί, kaï, apparaît comme une prise d’attention, un réveil, mais aussi un endormissement, un envoûtement, une captation, une prédation du locuteur mais aussi ici présentement du mot lui-même, Chârost, sur vous-même, ce qui ne présente que le danger, soit de vous faire perdre votre temps, soit de vous apprendre où vous vivez et de vous apprendre l’environnement géologique, géomorphologique, géographique, environnemental, historique, etc., faune-éthique et phonétique.
Ainsi Chârost est déjà la crase, la contraction de Cha-arost, mais pas seulement, car comme nous le verrons, il marque l’agglomération de notions aussi diverses que le ciel, la clarté, le bleu, la brillance, le sommet, la tête, le crâne, la carapace, la coquille, l’armement, l’eau, le ravin, le lit creusé d’une rivière, un chemin abrupt, un précipice, une tranchée, l’ardeur au combat, le rouge, le sang, la plaie, la cicatrice, le signe, la marque, les pieux, une palissade, des échalas, les boutures, le plaisir, la joie, la reconnaissance, le gracieux, l’aimable, Charis l’épouse d’Héphaïstos, la générosité, le charme, le sommeil, l’envoûtement, la lourdeur, Charon le passeur pour les Enfers, Arès le dieu de la guerre, voire même le char d’Apollon, le Soleil…
Il est à noter dans la famille de ce mot :
– χάϊος, α, ον (chaillos, kaïos) : respectable, noble, bon (associé en toponymie avec une notion de hauteur, et en Histoire à celle d’autorité et en anatomie à celle de grande taille, donc masculine).
– χαῖον, ου (chaillonne, chaillou, kaïon, kaöu, caillou) : bâton de pâtre, houlette (instrument utilisé dans le pastoralisme pour jeter des cailloux ou des mottes de terre pour effrayer et ramener les brebis errantes ; associé à la notion de courbe et en toponymie au relief courbe, aux méandres, à la forme d’une pelle, et en Histoire à la crosse des évêques évêques, au Champ de Mars de Rome, face à la colline vaticane, etc).
– Χάα, ας : Khaa, une ville grecque antique (Φειά, Phéia), d’Élide au nord-ouest du Péloponnèse, dans le territoire de Pise.
Calé ? Qu’hallée ? Sans voie, sang voix, pris à la gorge ?
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Désosser –ost, d’aise haussé t’es… Ô !
Comme le cha, voire le ch’, peuvent être considérés adéquatement à part, le suffixe –ost ne semble pas anodin non plus. Observons ce qu’il contient.
Comme on l’a vu en début d’article, cette terminaison –ost a été choisie pour deux autres Charost (Pontigny, 89, et Saint-Hilaire-de-Lignières, 18). Elle fut donc un choix délibéré, d’autant qu’autrefois exprimé avec une déclinaison, Charost pouvait porter une voyelle supplémentaire ou un complément final interchangeable en fonction du sens du phrasé. On y trouve encore la notion de st- qui habituellement désigne le fait d’être stable, de rester, de statuer, de demeurer…
Quelques eaux stagnantes ? quelque haut stagnant ? Quelques os st… ?
Phonétiquement le “o” de Chârost exprime l’eau, les os, le haut, le grand, le superlatif, l’Oméga, et l’ômega, ω, et l’omicronn, ο. Il évoque le méandre et sa vue, mais aussi le sommet dur non entamé par celui-ci, son calcaire, et bien d’autres éléments sémantiques en sus. Il apparaît comme le contenu d’une coupelle.
En grec, dans le Grand Bailly, –ost, ὀστ, ou os, a pour étymologie ὀστέον (ostéonne) et ses dérivés, ὀστᾶ, ὀστῶν, et ὀστόν, ὀστοῦ, et ὄστιον, ὄστιου, et désigne l’os, l’ossement, en parlant de l’homme ou des animaux. Il exprime aussi la partie la plus dure d’une chose, le noyau (d’un fruit). On retrouve ce mot avec le latin os, et l’ancien latin ossum. Il évoque même le port de Rome, Ostie. Cette notion est parfaitement à sa place à Chârost où le sommet se présente comme un noyau, la partie dure de la roche contournée naturellement par la rivière de l’Arnon.
Le mot le plus court et le plus usité avec cette notion est le pronom relatif ὅσ·τε, ἥ·τε, ὅ·τε, qui, lequel… Il est à rapprocher de ὅσ·τις, ἥ·τις, ὅ·τι, qui, lequel, laquelle, quel qu’il soit, et qui que ce soit qui, mot également utilisé comme adverbe avec le sens de pourquoi, à cause de quoi, pour quelle raison.
Pour quelle raison ? Ostie, le port de Rome ?
Cette terminaison –ost est ainsi associée à quelques autres mots grecs portant sur les notions de coquille, d’écaille, et de poterie, ou bien en qualité d’insistance :
– ὄστρακον (ostrakon) mot d’origine pré-grec signifiant : coquille, coquille d’œuf, écaille de tortue, carapace ou coquille de poisson, coquille blanche d’un côté, noire de l’autre pour jouer au jeu, coquille en terre cuite, tesson semblable à une coquille sur lequel on écrivait le nom de ceux qu’on bannissait, d’où peine de l’ostracisme, vase en terre cuite, vaisselle, tesson, sorte de castagnettes faites avec des coquilles…
– ὀστρακό·νωτος, dont le dos est couvert d’une écaille.
– ὀστρακηρός, la couleur d’un vase en terre cuite ; animaux testacés, à coquille.
– ὄστρεον, huître ; teinture de pourpre (ostrea en latin).
– ὀστρέϊνος, qui vit dans une coquille.
– etc.
On pense évidemment encore aux ammonites locales, au sommet de calcaire entouré de son méandre, couvert d’argile et de sable, au fer, aux armures de l’autorité, à Héphaïtos, à février, etc., mais aussi au commerce gaulois ou romain, aux ravitaillements et aux potions, et au pourpre de Rome colorant rouge violacé fabriqué avec des coquillages.
Petites ammonites, une idée de l’infini… aggloméré.
Un des synonymes de Chârost.
Photo Nicolas Huron
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Sans oublier…
– ὀστρύα (ostroua), le hêtre, l’arbre et ses faînes à coques, poussant sur des assez sols pauvres argilo-calcaire et sableux.
– ὄστριμον, l’étable, l’abri des vaches.
– ὀστρίτης λίθος, la nacre, le doux abri de Vénus.
Rajoutons à cela l’ômega :
– Ὠστία, Ostia, Ostie, port du Latium romain.
– ὠστικός (ôsticosse), enclin à pousser, d’où véhément, violent.
– ὤστης (ôstesse), tremblement de terre qui renverse d’une secousse.
Et le vieux mot indo-européen Hio-, ὡς « comme », « ainsi ».
– ὥς, pour ὡς (hausse), quand il est placé après le mot (en fin de mot en toponymie) auquel il se rapporte.
– ὡς (hausse, os, ôsse), comme adverbe : comme, de même que, ainsi ; tandis que, en même temps que; tant que, aussi longtemps que ; autant que ; de la façon que ; selon que, suivant que ; dans la mesure où ; avec l’intention de, dans le dessein de, en vue de, en guise de ; en qualité de ; en quelque sorte, à peu près, environ… et comme exclamation ou comme souhait d’insistance.
– ὡς, comme conjonction : que, afin que, pour que, en vue de, de telle sorte que, lorsque, après que, parce que, puisque, car…
– ὥς, ainsi, de cette façon, pour marquer une comparaison, une idée de simultanéité, une conséquence, par suite, à cause de cela, pour annoncer une preuve, un témoignage, un exemple : ainsi par exemple.
– ὧς ou ὡς, l’adverbe de lieu οὗ, où.
Placé dans Chârost, phonétiquement à la fin, il nous ramène à l’antécédence, au début : Ch’, K’, Cha, Ka, Char, Kar, Charo, Karo, ch’aro, k’aro, cas rosse… Char Ω !
Il est retour, rebond, relecture, véritable religion.
L’Agnus Dei sur la façade occidentale de l’église Saint-Michel de Chârost
et l’arc roman rouge et blanc de la baie de sa façade
Photo Nicolas Huron
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On commence alors à percevoir la singularité plurielle
et le pluriel singulier
de Chârost
son signe
Ω l’oméga
l’Homme, mes gars,
sa marque, ça marque, s’âme arc…
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Mes prochains articles traiteront de Chârost, seulement à travers “char”, « ar » et “aro”, et vous verrez que tous les sens sont de circonstances.
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