Pour aborder l’étude d’une commune par ses noms de lieux, il faut évidemment d’abord faire l’inventaire documentaire et donc l’inventaire des noms de lieux, ou toponymes, de la commune. Beaucoup de ces noms de lieux trouveront une explication à travers la géographie, c’est-à-dire notamment, la géologie, la géomorphologie, l’hydrographie, etc.
Je présente ici la géologie de la commune de Huisseau-sur-Cosson, en Loir-et-Cher, commune située sur le plateau beauceron, mais au sud de la Loire, en limite des sables de la Sologne, et située dans la vallée du Cosson.
Cette situation a fait que l’occupation de la commune par les hommes fut très ancienne, paléolithique, mais surtout agricole à l’époque néolithique. Vous pouvez en lire et en voir quelques éléments ci-dessous.
…
Extrait ci-dessous de mon ouvrage :
La Fête des toponymes – Huisseau-sur-Cosson (Loir-et-Cher)
à télécharger ici, gratuitement :
Nicolas-Huron-Toponymie-Huisseau-sur-Cosson(41).pdf
ou avec une participation volontaire éventuelle avec €-libre-paiement,
ou avec une invitation aux bénéfices avec 32%/€net.
Version papier à faire imprimer et à acquérir à la Boutique !
Bonne visite à travers l’étude de Huisseau-sur-Cosson par ses noms de lieux.
…
Les temps géologiques
Les couches géologiques
Sur la commune de Huisseau-sur-Cosson, toutes les roches sont sédimentaires. Elles sont le résultat d’une superposition de dépôts lacustres lorsque le Bassin parisien était encore un lac. Le calcaire de Beauce, qui forme la roche sous-jacente, garde d’ailleurs encore les traces de fossiles de coquillages. Les sables et argiles de Sologne sont des dépôts fluviatiles plus récents issus de l’érosion des roches du Massif central. Plus récents encore, les dépôts alluviaux de la rivière du Cosson et des ruisseaux y affluant, formés de sables et d’argiles sont le résultat de l’érosion des roches précédentes.
Le calcaire de Beauce
C’est un calcaire lacustre composé de coquillages agglomérés. Ce dépôt s’est formé depuis l’éocène moyen (- 43 millions d’années) jusqu’au début du miocène (- 23 millions d’années). C’est la roche la plus ancienne présente sur la commune. Elle occupe une grande partie de son territoire.
Les sables et argiles du miocène
Sur ce calcaire de Beauce, on trouve des sables et argiles. Cette roche sédimentaire est le résultat de l’érosion des roches cristallines, granitiques et métamorphiques du Massif central. Ce sont des dépôts de fleuves à grand lit majeur. Ils se déposèrent au miocène inférieur il y a environ 23 à 15 millions d’années.
Les sables du miocène et du pléistocène
Sur ces sables et argiles se sont déposés au miocène moyen et supérieur (-15 000 000 à – 2 500 000 ans) et au pléistocène (à partir de -2 500 000 ans) des sables qui ont la même origine. Ces roches sédimentaires du miocène et du pléistocène, sables et argiles et sables continentaux, forment la majeure partie des sols de la Sologne.
Les sables et argiles des plateaux
Au quaternaire, pendant le pléistocène, le climat changea. Une série de glaciations et de réchauffements entraîneront d’autres dépôts. Les nappes d’alluvions du plateau nord de la commune et du sud de la Chaussée-le-Comte, sont des sables et argiles datant des environs de la glaciation mindel (-600 000 à -350 000 ans) et du saalien (-300 000 à – 120 000 ans). Ces temps géologiques correspondent à l’apparition de l’homo dans nos contrées.
Les alluvions anciennes
Ce sont des sables et argiles datant de la dernière glaciation würm, il y a environ – 115 000 à – 75 000 ans. La Loire et ses affluents, comme le Beuvron dans lequel se jette le Cosson, creusèrent alors leur lit, déposant ces alluvions.
Les alluvions récentes
Ce sont des sables et argiles déposés récemment par le Cosson et par les ruisseaux y affluant.
…
***
Origines préhistoriques
Le Paléolithique : – 600 000 à – 4 000 ans
Le Paléolithique est la première période de la préhistoire et aussi la plus longue. Elle s’étale des origines de l’Homme jusqu’aux environs de l’an – 4 000. C’était le temps de petites tribus nomades composées de chasseurs-cueilleurs-pêcheurs. Les traces qu’ont laissées ces peuplades se limitent généralement à quelques outils en pierre, le plus souvent en silex, une roche qui permet d’obtenir par sa taille d’utiles tranchants ou pointes. De tels objets ont été trouvés dans la vallée de la Loire et dans la vallée du Cosson. Plus on avance dans les temps préhistoriques plus le nombre d’outils et la complexité de leur élaboration sont grands. Les outils les plus fréquents sont donc des silex taillés de la fin du Paléolithique. En a-t-on trouvés sur l’étendue de la commune de Huisseau-sur-Cosson ?
Monsieur E.-C. Florance, signala, dans le Bulletin de la Société d’histoire naturelle et d’anthropologie de Loir-et-Cher, n° 16, de 1921, dans un article intitulé Essai d’archéologie préhistorique pour le Loir-et-Cher, qu’un coup de poing de l’acheuléen (- 500 000 à – 300 000 ans) avait été trouvé à la source de la Motte. Ce coup de poing est conservé au musée de Blois dans la collection Florance. Les collections de ce musée n’étant ni triées, ni inventoriées, leur responsable n’a pu retrouver pour nous à ce jour aucun objet provenant de Huisseau.
Les autres découvertes d’objets en pierre taillée du Paléolithique, aux environs de Huisseau-sur-Cosson, concernent surtout la commune de Vineuil où des recherches plus systématiques ont été effectuées. Il y fut trouvés beaucoup de silex taillés de l’acheuléen (- 500 000 à – 300 000 ans), du moustérien (- 300 000 à – 30 000 ans), du solutréen (-22 000 à – 17 000 ans) au lieu-dit de Feuillarde. Une autre station du Paléolithique tardif, du magdalénien (- 17 000 à – 10 000 ans) et du tardenoisien (- 8 200 à – 5 500 ans) est à signaler au lieu-dit la Bouverie dans la vallée de la Loire.
Ces stations étaient souvent des lieux de taille, de renouvellement de l’outillage de chasse, en somme des carrières. Il est évident que, pour ces chasseurs-cueilleurs, ces stations situées sur le coteau d’une vallée leur permettaient d’avoir un bon point de vue sur leur gibier et un accès facile à la rivière ou au fleuve pour la pêche et pour se désaltérer.
En conclusion, on peut affirmer que des hommes du Paléolithique, des chasseurs-cueilleurs nomades sont passés sur la commune, il y a plusieurs dizaines, voire plusieurs centaines de milliers d’années.
Le Néolithique
A partir de – 8 200 ans, après la dernière glaciation de würm IV, le climat se réchauffa et le paysage se modifia progressivement. La forêt gagna partout du terrain. Vers – 7 000 à – 6 500 ans, les hommes vont progressivement se sédentariser et pratiquer l’agriculture venue de Méditerranée et de la vallée du Danube. Les premières occupations en Loir-et-Cher se firent surtout dans la vallée de la Cisse et dans la vallée du Loir, mais aussi, pour une petite part, dans la vallée du Cosson. Ce sont surtout les pentes douces des terres argilo-sableuses et des alluvions, faciles à travailler qui furent cultivées en premier. Le plateau fut occupé progressivement grâce au creusement de puits. Les surfaces cultivées ne devaient guère dépasser quelques dizaines d’hectares.
Entre – 4 000 ans et – 2 000 ans, ces villageois construisirent des dolmens pour inhumer leurs morts et des menhirs dont la signification demeure encore incertaine. Il reste de cette période de nombreux objets : silex taillés, tessons de poterie, haches en pierre polie, meules, polissoirs… En a-t-on trouvé sur la commune de Huisseau ?
Un beau poignard en pierre taillée dans un silex du Grand-Pressigny a été trouvé à la Chaussée-le-Comte, non loin du mur du parc de Chambord. Il a été signalé par E.-C. Florance dans le Bulletin de la Société d’histoire naturelle et d’anthropologie de Loir-et-Cher, n° 17, de 1923. Cette pièce est conservée au musée du château de Blois dont le dépôt se trouve actuellement rue des Ecoles à Blois.
Sans que nous sachions exactement où, nous savons qu’une molette de meule à main a été trouvée sur la commune. Elle appartient à la collection Goumain et fut également signalée par E.-C. Florance. Autour du site de la Motte ont été trouvées également des pierres taillées de l’époque du robenhausien, c’est-à-dire du néolithique.
Les trois sites les plus marquants de cette époque sont le site du climat du parc de Nanteuil, le site de Villeneuve et le menhir des Grotteaux, autour duquel monsieur Arthur Fleury, de Vineuil, ramassa de nombreux objets en pierre taillée.
Le site de Nanteuil
Situé sur la limite des communes de Huisseau-sur-Cosson et de Vineuil, un important site du néolithique fut identifié par la découverte de nombreux objets en pierres taillées : poignards, pointes de lances, éclats… Ce site du climat du parc de Nanteuil est situé à égale distance entre le menhir des Grotteaux de la commune de Huisseau et les menhirs des Pierres-Besses de la commune de Vineuil. Il est à remarquer que ce fut essentiellement la vallée qui fut occupée. A Chambord, autour du Château furent découvertes également de belles pièces, comme au site de Feuillarde près Vineuil. Mais, c’est surtout entre le menhir des Grotteaux et les menhirs des Pierres-Besses que les découvertes furent les plus importantes. La commodité de la rivière du Cosson, qui ne présentait pas, comme la Loire, de trop importantes crues faisait de sa vallée un site idéal pour l’implantation de villages d’agriculteurs-éleveurs. Ces agriculteurs-éleveurs étaient encore des chasseurs et des pêcheurs. La présence de la forêt au sud, la rivière du Cosson et la Loire répondaient à tous leurs besoins.
Le site de Villeneuve
Monsieur Joly, habitant de la commune, a trouvé, au sud du lotissement du Clos Poulain, à l’est de Villeneuve, une hache polie, des molettes et de nombreux silex taillés. Ces objets présentent une véritable collection qui nous indique la présence d’un village du Néolithique en cet endroit.
Hache en pierre polie trouvée près de Villeneuve par monsieur Joly.
Le mégalithe des Grotteaux
Dans le parc du château des Grotteaux il existe un menhir sur la rive droite du Cosson, au nord-est du château et à égale distance, 50 m, entre les murs du parc et la rivière du Cosson. Il fut décrit pour la première fois par Arthur Fleury dans le Bulletin de la Société d’histoire naturelle et d’anthropologie de Loir-et-Cher, n° 17, de 1923, dans un mémoire nommé L’archéologie préhistorique, protohistorique et gallo-romaine en Loir-et-Cher, Ere quaternaire, période néolithique ou de la pierre polie, p. 461, 462.
Ci-contre, dessin d’Arthur Fleury
Sa hauteur est de 3 m, sa largeur de 1,70 m à la base, pour arriver à 1,40 m à 25 cm du sommet. Sa plus large face est dirigée vers l’est. Il est penché légèrement vers l’ouest, peut-être parce qu’il aurait été fouillé de ce côté. Auprès, à l’ouest, il y a une grosse pierre de 1 mètre de longueur et 1 mètre de largeur qui a pu servir de cale. Deux assez grosses pierres se trouvent au sud et quelques petites à l’est. Il semblerait que ce menhir fut en fait une table de dolmen renversé.
Un menhir se présente généralement comme une pierre isolée. Le fait qu’il existe plusieurs blocs les uns à côtés des autres et que le gros bloc vertical ait actuellement un gros bloc de calage, plaide plutôt pour le choix de l’interprétation d’un dolmen et non d’un menhir. Ce gros bloc vertical n’a pas l’aspect d’un menhir, mais semble bien être une table de dolmen. Elle est peu épaisse en comparaison de sa longueur et de sa largeur. Plusieurs actions ont pu déstabiliser cette table. L’hypothèse la plus probable serait l’érosion du tumulus et l’érosion de la pente, Cette table a été posée sur le tumulus en construction et sur les pierres de support. Lors de l’érosion de la terre du tumulus, la table n’ayant plus de support suffisant a dû basculer. Peut-être a-t-elle été simplement basculée par quelques curieux.
On voit entre le gros bloc de support et la table, une pierre de calage. Ces blocs sont en calcaire de Beauce. Il existe des carrières de cette roche aux environs.
…
Extrait ci-dessus de mon ouvrage :
La Fête des toponymes – Huisseau-sur-Cosson (Loir-et-Cher)
à télécharger ici, gratuitement :
Nicolas-Huron-Toponymie-Huisseau-sur-Cosson(41).pdf
ou avec une participation volontaire éventuelle avec €-libre-paiement,
ou avec une invitation aux bénéfices avec 32%/€net.
Version papier à faire imprimer et à acquérir à la Boutique !
Bonne visite à travers l’étude de Huisseau-sur-Cosson par ses noms de lieux.
…